Which side are you on, Jacques?

Jacques Létourneau, président directeur-général de la CSN.

Jacques Létourneau, président directeur-général de la CSN.

Depuis plusieurs mois, face à l’austérité et à un capitalisme de plus en plus puissant, des gens, syndiqué-e-s, étudiant-e-s, sans-emplois, se mobilisent en vue d’une vraie lutte sociale au printemps. Depuis le début de cette campagne de mobilisation, les travailleuses et les travailleurs semblent très enthousiastes à la base, mais à chaque fois, le président de la CSN (Confédération des syndicats nationaux), Jacques Létourneau, sort de son trou pour faire une sortie publique en règle contre sa frange la plus combative.

CSNTout ça commence le 9 février dernier alors que Jacques Létourneau tient à préciser, dans une entrevue sur le collectif Refusons l’austérité, que « le mouvement syndical exclut la tenue d’une grève générale illimitée » (source). Bien qu’il soit peu probable, voire impensable, d’un jour voir la CSN en grève générale illimitée contre l’austérité, il serait intéressant de savoir dans quelle instance de la centrale il a été voté d’exclure ce moyen de pression. En effet, il semble que ça n’ait jamais été voté nul part et donc, que Jacques Létourneau en ait décidé ainsi. Le Syndicat des professeur-e-s du collège Marie-Victorin, membre de la CSN, a d’ailleurs tenu à le rappeler à m’sieur Létourneau dans cette lettre.

Ensuite, le 16 février, monsieur le président décide d’aller faire copain-copain avec le pdg du Conseil du patronat du Québec (CPQ) sur les plateaux de tournage de l’émission RDI Économie, ce qui lui vaut cette réponse de la part de syndicalistes en colère. Il faut dire que le CPQ est un lobby dont le rôle est d’aider les patrons à faire valoir leurs positions politiques, bref, exactement le genre d’organisation contre laquelle tout syndicat qui se respecte devrait être en opposition farouche.

Létourneau revient à la charge le 18 mars dernier, lorsque questionné sur les possibilités que les syndicats se solidarisent et fassent grève aux côtés du mouvement étudiant actuel contre l’austérité, il déclare : « même si un tel vote est pris en faveur de la grève – ce qui à ma connaissance s’est fait dans un ou deux cégeps chez nous -, ça ne veut pas dire pour autant que ces syndicats iront véritablement de l’avant » (source). Lire ici, nous allons sérieusement les en décourager.

1mai15Croyant probablement que ses appels au corporatisme ne sont pas assez suivis par la base syndicale, Létourneau décide donc, la semaine dernière, de publier ce texte en réponse aux nombreux votes de grève sociale pour le 1er mai qui se tiennent actuellement dans les syndicats d’enseignants et d’enseignantes un peu partout au Québec. On pourrait d’ailleurs le résumé à : « nous appuierons nos membres qui voteront la grève, MAIS ce n’est surtout pas le moment de prendre de tels votes ». Bref, m’sieur le président sait ce qui est bon ou pas pour vous, donc si vous voulez faire la grève, attendez qu’il juge que ce soit le moment, mais sachez qu’il préfère les grandes parades aux grèves, il peut en profiter pour faire des entrevues avec des journalistes moins hostiles.

Ajoutant l’insulte à l’injure, Jacques Létourneau a décidé d’aller encore plus loin dans son entreprise de sabotage en accordant cette entrevue aux jambons de Radio X Québec sur le thème du mouvement étudiant de grève contre l’austérité. Évidemment, les radios poubelles sont bien connues pour leur haine du progrès sociale et du syndicalisme, mais m’sieur le président sait se montrer convaincant lorsque vient le temps de se dissocier d’un mouvement social provenant de sa base syndicale, alors imaginez lorsque ce mouvement provient de l’extérieur! Dominic Maurais, le jambon animateur de Radio X, en a même profité pour remplir sa chronique dans le Journal de Montréal avec des extraits de son entrevue avec Létourneau, le qualifiant de « profondément terre à terre » et de « raisonnable ». Rappelons pour l’occasion que Jacques Létourneau a déjà, lui-même, été sur le conseil exécutif de l’ANEEQ (Association Nationale des Étudiantes et Étudiants du Québec), en quelque sorte l’ancêtre de l’ASSÉ actuelle, reconnue pour son syndicalisme étudiant démocratique et combatif. Les temps changent…

À la lumière des dernières interventions médiatiques de Jacques Létourneau, il convient de se demander de quel côté de la ligne de piquetage ce dernier se retrouve. Du côté des radios poubelles ou de celui du mouvement de grève sociale? Du côté du gouvernement ou de sa propre base syndicale? Du côté du Conseil du patronat ou des travailleurs et des travailleuses? Poser la question, c’est un peu y répondre… Maintenant, c’est aux membres de la CSN à ne pas se montrer complices de telles déclarations et à prouver que la solidarité est notre arme face à l’austérité.

En terminant, nous dédions cette chanson historique du mouvement ouvrier, interprétée ici par le groupe Dropkick Murphys, à Jacques Létourneau, en espérant que ça le fasse réfléchir un peu.

3 réflexions sur “Which side are you on, Jacques?

  1. Pingback: Which side are you on, Jacques? | AEDLLM

  2. Pingback: Les véritables entrepreneurs | Le Creuzet

Laisser un commentaire