11 questions à Eli de Total Waste!

1. Quand et comment as-tu rejoins Total Waste?

Ça, c’est quand même une belle histoire. C’est mon amie Jenny qui m’a trouvé mon groupe, en pleine pandémie. Pendant un jam extérieur des Union Thugs où on allait pour voir des faces, dans le temps que les mesures sanitaires s’assouplissaient pour une première fois, elle avait invité Alexis mon bassiste actuel. Il cherchait un.e drummeur.se pour son nouveau projet pis Jenny a vendu mes talents comme pas deux. Elle m’a accompagnée à mon premier jam question que je ne sois pas trop intimidée pis elle m’a convaincue que j’étais capable de drummer pour un band de musiciens tissés serrés pis plein de talents. Sans elle, j’pense pas que j’aurais fait le saut! Aujourd’hui je vois ben que j’étais prête à ça, mais des fois pis surtout pour des femmes en musique, je trouve que ce petit coup de pouce là faut le saisir quand ça passe.


2. Pour les gens qui ne vous connaissent pas, qu’est-ce que tu peux nous dire sur ton band?

Total Waste c’est un band qui se définirait comme Hardcore Crossover, Punk. Avec trois des anciens membres de Public Outsider et moi, notre nouvelle formation à release un Ep de 3 tounes à l’automne 2021, pis on s’apprête à transformer ca en LP avec trois nouvelles tounes déjà enregistrées et mixées. On va le sortir ces 6 tounes là sur CD sous le titre Social Scars. L’an dernier on a sorti un clip et on en planifie un autre pour cet été. D’ailleurs, gros shoutout à mon chanteur Dave qui est le mastermind derrière le montage, la capture et le concept de nos clips! Pour ce qui est des shows, on est bens énervé.e.s de jouer dans deux fests de hardcore en aout et en septembre, en plus de quelques petits shows ici et là cet été. On a aussi dernièrement été ‘signé.es’ sur le nouveau label Hardocre Total Rampage Records pis on est très fièr.es et excité.es de s’ajouter dans cette famille. On a des beaux projets qui vont émerger de cette alliance. Stay tuned!

3. Qu’est-ce qui t’as attiré vers les milieux undergrounds? Comment ton histoire à toi commence ?

Mon histoire à moi commence dans des communes de punks d’hochelaga, dans le folk sale pis dans le black métal, dans le syndicalisme radical pis les groupes affinitaires. Elle s’étend maintenant de sherbrooke à trois pistoles, en passant par l’établissement de réseaux de support, d’échange de connaissance pis de solidarité politique.

Pour moi les milieux underground c’est fondamentalement politique. J’ai toujours trippé sur la musique, autant dans la scène métal que punk, mais vraiment c’est le caractère politique et subversif qui m’attire le plus dans la scène. Je trouve que de se doter d’une tribune musicale en plus de se retrouver dans une communauté tissée serrée c’est vraiment là la clef du changement social. Je n’ai jamais retrouvé de scènes, de groupe d’ami.es aussi large et rassemblé.es autour de mêmes enjeux, de près ou de loin. C’est une chance qu’on a, pis même si on a tous.te.s beaucoup de critiques à adresser à la scène, on est chanceux.se.s en maudit de se retrouver là-dedans.

4. Par le passé ou encore aujourd’hui, dans quels autres groupes ou projets liés à l’underground t’es-tu impliquée?

J’ai d’autres projets en parallèle de Total Waste en ce moment, soit un au violon avec mes chumes de filles de CADMIUM pis un au vocal pour un nouveau projet ben excitant d’Ultra Pop, 77 Punk. Je ne peux pas trop en dire plus mais cet automne, watch out la scène ça va déménager.


5. D’après-toi, quel est le plus gros problème ou défi de la scène aujourd’hui?

 La distance, les mentalités et le manque d`ouverture. Je pense que nous avons deux principaux défis dans la scène aujourd’hui. Premièrement, réconcilier les mentalités en ce qui concerne l’inclusion dans l’imperméabilité de notre scène blanche, masculine pis cis. Deuxièmement, on fait face à un enjeu réel en termes de salles et d’endroits de rencontre avec la gentrification rampante de Montréal et des autres villes du Québec. Je pense que ces deux enjeux peuvent être liés, surtout quand on parle de créer des espaces sécuritaires et accessibles pour tous et toutes.


6. Qu’est-ce que tu penses qu’on peut y faire?

Je n’ai pas de solution miracle pour inclure plus de femmes, de personnes racisées pis de personnes queer dans le milieu underground large, mais je crois que nous devons drastiquement y réfléchir ensemble afin d’éviter que les scènes continuent d’exister en parallèle. C’est une grande perte parce que tous ces milieux ont beaucoup à s’apporter mutuellement, autant en termes de connaissances, de ressources pis de talent.

7. Tu le ou la croise sur la rue, pas de chars de police à l’horizon, à qui tu criss ton poings sur la gueule?

Grosse question. Je dirais que je crisserais mon poing sur la gueule des musiciens qui sont ouvertement dénoncés pour agression pis qui refusent de ‘step back’ ou de ‘step down’ du spotlight ne serait-ce que temporairement. Je crisserais aussi mon poing sur la gueule des bookers qui continuent de promouvoir ces bands là en connaissance de cause. J’dis pas de condamner tout le monde qui ont commis des erreurs, vraiment loin de là. Mais ceux qui refusent d’écouter et de faire de l’air pour un moment j’leur crisserais mon poing dans gueule, armée de bonnes intentions pis d’espoir qu’ils fassent le travail sur eux et elles-mêmes.

Sortir du spotlight, descendre de la scène, c’est permettre aux gens qui les dénoncent de se sentir en sécurité dans les shows pis j’trouve que ça c’est important.

Tant qu’à crisser des baffes, j’en donnerais volontiers une à Ian Lafrenière, Mathieu Bock Côté, Marine Le Pen, Jeff Bezos, les patrons qui lisencient injustement les gens, les propriétaires qui exproprient les gens des quartiers populaires pis les policiers qui pensent que leur travail est utile.

8. Politiquement parlant, comment dirais-tu que tu te situes aujourd’hui?

Je pense que j’ai montré mes couleurs dans les dernières questions mais je dirais que je suis profondément ancrée dans les luttes pour la justice sociale. Je m’intéresse particulièrement à l’abolition des prisons, la juste représentation et les conditions de travail décentes pour tous.te.s les travailleur.se.s, particulièrement dans le cadre du travail migrant. Les mouvements syndicaux révolutionnaires m’animent ainsi que les luttes contre la gentrification à Montréal.

9. Qu’est-ce que tu écoutes comme musique ces temps-ci?

Ces temps-ci j’ai beaucoup de bands de Montréal dans les oreilles. UZU, Deadbolt et Puffer ont sortis des premiers ep qui valent le détour. J’écoute aussi beaucoup de FAZE, de Ratpiss, de Endform, de CRABE et de Malebranche, pour rester dans les bands montréalais. Sinon le nouvel album de CERCE, dans mes oreilles, tout le temps.

10. Ton meilleur band de tous les temps et celui que t’écoutes en cachette dans ton char pendant que personne te regarde?

Difficile! Mon meilleur band de tous les temps ça va devoir être Gojira, pis en cachette j’écoute encore beaucoup trop de NOFX. Dont @ me !


11. On te laisse le mot de la fin, fais-en ce que tu veux!

Les enjeux de santé mentale pis de consommation, ca touche tout le monde. Principalement dans les scènes underground. Si ca va pas, parles en à des proches ou contacte Action Suicide Montréal au 1-866-277-3553. Traitons nous avec bienveillance, we’re all going through tough shit. Love and rage xx

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