
Quand et comment as-tu rejoins Coup de Force?
On a lancé le projet en janvier 2021, par l’entremise d’un ami de longue date qui nous a mis en contact. Les gars se connaissaient déjà, sans savoir toutefois qu’ils finiraient par monter ce band ensemble. C’est un heureux hasard!
Pour les gens qui ne vous connaissent pas, qu’est-ce que tu peux nous dire sur ton band? (La base du projet, les releases, tournées, clips, gros shows passés ou à venir, label, de quels bands dirais-tu que vous êtes proche, n’importe quoi d’autres!)
Pour la musique et les textes, notre vision était d’y aller avec un style un peu plus sombre, à l’image de certains groupes phares du début des années 80. Bref, on ne voulait pas d’un band festif à la thématique bon enfant! Musicalement, on aime les riffs qui cognent dur. On n’a pas peur non plus des palm mutes, du tremolo picking et d’un peu de distorsion! Histoire de faire les choses différemment, on a décidé de sortir trois singles en vidéoclip l’automne dernier, diffusés par Dure Réalité.
Qu’est-ce qui t’as attiré vers les milieux undergrounds? Comment ton histoire à toi commence?
Pour ma part, ça remonte à l’automne 1990. J’ai commencé à fréquenter un cercle anarcho punk à Ottawa, où j’ai découvert des bands dont je n’avais jamais entendu parler avant : Crass, Conflict, Subhumans, et des nouveaux comme Born Against, Citizens Arrest, Disrupt, Nausea, et j’en passe. Les textes revendicateurs et l’attitude DIY venaient me chercher, et j’aimais bien le petit côté élitiste. Un club d’initiés haha!
Localement, on avait des bands intéressant : Double Think (dont certains membres ont ensuite formé Union of Uranus, His Hero is Gone, Tragedy), Public Agressif et Grave Concern. Tous ces bands m’ont inspiré à prendre une guitare ou une basse, et faire ma propre musique. Je me rappelle qu’à l’époque, ma basse Rickenbacker 4001 en a impressionné plus d’un, et m’a value plusieurs auditions! Certains font encore ce genre de beat aujourd’hui, je pense à Xavier Caféïne, que je salue d’ailleurs!
Bref, cette nouvelle « tribu » était une alternative à la société de l’époque : apathique, insensible aux causes environnementales, pleine de préjugés, sans futur. Les cadres rigides, comme la classe sociale, semblaient ne plus exister. Quand j’y repense, c’était vraiment l’entrée en scène des mouvements d’inclusivité.
À la même époque, un autre mouvement grandissait à toute vitesse dans ma région : les boneheads, les néonazis! Même chaussé de Docs et vêtu d’un bomber pour jouer les durs, je ne faisais pas le poids face à ces brutes. Les embuscades et les embrouilles faisaient partie du quotidien. Coupures de journaux à l’appui!
Par le passé ou encore aujourd’hui, dans quels autres groupes ou projets liés à l’underground t’es-tu impliqué?
Depuis quelques années, j’ai un autre projet de death métal fortement inspiré de crust des années 90.
D’après toi, quel est le plus gros problème ou défi de la scène aujourd’hui?
Je ne suis plus vraiment dans le coup, mais je crois qu’une scène qui est forcée de dépendre de tenanciers de bar sans scrupules pour produire des concerts est très désavantagée. Je parle de ceux qui n’ont rien à cirer de l’underground, qui foutent les punks à la rue au profit d’une clientèle pleine aux as et qui sent bon. Grand bien leur fasse, si c’est leur modèle d’affaires. J’emmerde ces requins!
Pour ma part, j’ai toujours préféré les coopératives autogérées, les house shows, les centres communautaires, les entrepôts désaffectés… Je suis fier de voir qu’à Montréal, les shows clandestins et sauvages se trament dans l’ombre et s’organisent.
Qu’est-ce que tu penses qu’on peut y faire?
En région c’est plus difficile. Dans mon coin, je crois qu’il ne reste que deux salles qui tolèrent les concerts.
Tu le ou la croise sur la rue, pas de chars de police à l’horizon, à qui tu criss ton poing sur la gueule?
Je balance un coup de démonte-pneu à la gueule du jock trop insistant et entreprenant avec la punkette posée au bar en veste de cuir, docs et cheveux bleus, car il croit qu’elle est « facile ». Hélas, je ne parle pas d’une scène d’un film de John Hughes : c’est toujours d’actualité, et j’ai vu ce scénario se répéter souvent dans une salle de concert de mon coin. La masculinité toxique à son pire.
Politiquement parlant, comment dirais-tu que tu te situes aujourd’hui / C’est quoi les grandes causes qui te tiennes à cœur? Est-ce que ça a toujours été le cas?
En vieillissant, je vois moins la vie en noir et blanc. Par contre, je demeure quand même à gauche du spectre. Ce qui m’indigne particulièrement aujourd’hui, c’est l’embourgeoisement de ma ville et de mon quartier; les courtiers qui favorisent l’achat de multiples propriétés par des slumlords et des flippeux de triplex qui traitent le logement comme une vulgaire marchandise, au grand détriment du facteur humain et des besoins de base. Sans oublier les rénovictions qui en suivent, qui poussent les familles à l’endettement, à l’exil, parfois même à l’itinérance. Des complexes à condos de luxe à un million de $ l’unité poussent à vue d’œil près de chez moi, à côté d’un quartier jadis ouvrier. Je ne connais personne qui a les moyens d’y vivre, par contre. « Que de chouettes proprios qui font fleurir le magot, spéculant et regardant de haut ».
Qu’est-ce que tu écoutes comme musique ces temps-ci? J’aime bien Cœur Vaillant et Collision, et je suis pas mal tout ce que me recommande la chaîne No Punks in K-Town. J’espérais voir Asbestos à Ottawa, ce n’est que partie remise!
Ton meilleur band de tous les temps et celui que t’écoutes en cachette dans ton char pendant que personne ne te regarde?
Dans le band les goûts varient, ça passe du rap à la Oi! au New Wave. On s’entend sur Conflict comme groupe préféré. Mon plaisir coupable à moi est le tube Under your spell du groupe électro montréalais Desire!
On te laisse le mot de la fin, fais-en ce que tu veux!
Merci à Dure Réalité pour le soutien. Notre cassette promo devrait sortir au printemps 2022! Nous sommes en train de travailler sur de nouveaux morceaux, alors préparez-vous pour une nouvelle salve cette année.
