Entrevue avec Défaillance: Un nouvel album et plus de 20ans de Punk au Saguenay!

Entrevue – Défaillance – Dure Réalité

Quand j’ai vu votre courriel pour qu’on aide à produire votre dernier album, je me suis dit « Shit ! Ça existe encore ça ?! ». En effet, vous existez depuis plus de 20 ans. Pouvez-vous nous faire un historique du groupe ?

Elpunkos : Le groupe a débuté en mars 1999 avec, comme membres fondateurs, Gagnon, moi et deux autres potes. La même année, on a fait une douzaine de concerts locaux et enregistré une démo qui a paru en support cassette l’année suivante. Depuis tout ce temps, le groupe a joué plus de 100 concerts avec d’autres groupes dans 5 pays sur 3 continents et a sorti, certaines fois de façon très D.I.Y. et certaines fois de façon plus professionnelle, 3 albums, 4 E.P. et un split. Aujourd’hui, le groupe est composé de Gagnon, à la voix, et Elpunkos, à la basse et à la voix, depuis 1999, Spikedfred, à la guitare et aux cœurs, depuis 2001, Jérôme, à la batterie, depuis 2005 et, notre petit nouveau, Mick, à la guitare et aux cœurs, depuis 2017. 

Jérôme : Comme Elpunkos l’a mentionné, moi, je suis là depuis 2005 avec les boys et c’était ma première expérience dans un groupe punk !

SpikedFred : Je suis du genre old school et j’ai toujours trouvé que le fait d’être sur un label, c’était un plus pour se faire connaître. Quand j’étais ado, j’adorais quand j’achetais un disque et qu’il y avait un catalogue du label inclus avec plein de groupes inconnus dessus. Ça me permettait de faire des découvertes musicales. J’imagine que c’est mon côté « nostalgique ».

À voir votre page Facebook, vous avez donné plusieurs concerts au fil des ans et, à certaines reprises, vous étiez inactifs, puis vous êtes revenus plus tard. Que s’est-il passé?

Elpunkos: Pour la première période d’inactivité (2001-2003), c’était pour des changements de musiciens et, pour la seconde (2010-2012), à l’époque, le groupe avait déjà 10 chandelles sur son gâteau. C’était un peu usé et, avec le temps, on a connu plusieurs musiciens avec qui on avait envie de faire un bout de chemin avec eux.

SpikedFred : On a eu plusieurs changements de batteurs et ça a fini par miner notre motivation de toujours devoir recommencer avec quelqu’un d’autre. Il y avait aussi une certaine tension dans le groupe qui s’était installée au fil du temps. Je dois quand même dire que cette pause a été bénéfique. Ça nous a permis de nous faire oublier (rires). Dans la dernière année avant qu’on arrête, notre groupe était devenu synonyme de « troubles » et ça brassait beaucoup dans nos spectacles (spectateurs et spectatrices blessé-e-s, bris dans les salles de spectacle, bagarres et consommations). Nos prestations étaient devenues « chaotiques », autant à cause de nous qu’à cause de la foule. On était barré de plusieurs salles de spectacles et les promoteurs hésitaient à nous booker.

Jérôme : On avait d’autres projets et d’autres intérêts, chacun de notre côté. 

Avec vos nombreuses années d’existence, vous avez dû connaître en masse de monde. Plusieurs personnes abandonnent leur passion du punk et de la Oi! en vieillissant et perdent l’intérêt. Qu’est-ce qui vous motive encore à continuer de vous impliquer dans la scène alternative? 

Elpunkos : Dans mon cas, c’est l’énergie, l’authenticité, l’agressivité et le D.I.Y. que cette musique me procure et que je ne trouve dans aucun autre style de musique ou de scène musicale.

Jérôme : Connaître des gens de divers horizons et, en même temps, d’autre groupes qui sont dans le même style que nous ! C’est toujours intéressant de voir ce qui se fait ailleurs. C’est une des forces de la scène alternative !

Gagnon :  Les rencontres que l’on fait d’un spectacle à l’autre et la drive que cette scène peut nous offrir, surtout dans les 4-5 dernières années où nous avons été plus actifs. C’est très addictif ! 

SpikedFred : La passion pour ce type de musique qui ne vieillit jamais, à mon avis, et la colère contre la politique.

Vous êtes originaires du Saguenay. Plusieurs personnes peuvent être snobes et critiquer des gens qui viennent des régions. Comment percevez-vous la scène montréalaise?

Elpunkos : Pour être honnête, je suis mal placé pour avoir une perception de la scène montréalaise pour la simple raison que le dernier concert que j’ai joué sur l’île date de 2010. Mais, à l’époque, c’était vraiment cool et je garde de merveilleux souvenirs du Local du RASH, des premières années des Katacombes et, bien sûr, de Rick (La Gachette) et Virginie.

Gagnon : Je garde vraiment de bons souvenirs de nos trips à Montréal. Même si ça fait un bon bout de temps que nous n’avons pas mis les pieds sur l’île (2009, si ma mémoire est bonne), j’ai gardé contact avec plusieurs personnes rencontrées là-bas. Nous étions supposés y retourner en 2020, mais, avec cette merde de pandémie, ce n’est que partie remise.

SpikedFred : En général, nous avons eu de bonnes expériences avec la scène de Montréal. J’ai d’excellents souvenirs des spectacles. Je n’ai jamais ressenti de « snobisme », personnellement, de la scène de Montréal. Certains de la scène ne nous aimaient pas, mais je ne crois pas que c’était parce que c’était des gens de Montréal spécifiquement.

Jérôme : De ce que je me souviens, c’est arrivé une fois je crois… Le monde est toujours accueillant en règle générale !

Vous avez réalisé plusieurs shows avec des groupes de Montréal tels que La Gachette, Barricade Mentale et Jeunesse Apatride, dans votre coin. Comment sont vos relations avec les groupes montréalais?

Elpunkos : Excellentes ! En fait, j’aime les revoir à chaque fois. Les gars de La Gachette sont devenus des amis intimes, en particulier Rick. J’ai encore des liens forts avec Dan, anciennement de Hold a Grudge, et avec V-8, des Ordures Ioniques, entre autres.

SpikedFred: J’ai d’excellents souvenirs des spectacles avec eux et de « partys » d’après spectacles. On a, aussi, eu bien du plaisir avec The Prowlers. En ce qui me concerne, je me sens très redevable envers La Gachette. Ils nous ont beaucoup aidé à nos débuts.

Jérôme : Nos relations sont bonnes malgré le fait qu’on n’a pas jouer à Montréal depuis 2009. On accepterait une invitation avec empressement !

Quel est votre concert qui vous a marqué le plus en tant que groupe?

Elpunkos : Bonne question ! Moi, je dirais le Grind Your Mind 9, en 2017 (je crois), et notre premier concert avec La Gachette chez nous, au Saguenay, le 5 mars 2005. Au Grind Your Mind, pour les circonstances, les punks étaient prêt-e-s à en prendre « plein la gueule » et étaient « juste bien réchauffé-e-s ». Gros trash de fou et bonne réponse du public ! Et, en 2005, c’était une soirée de « malades » avec 300 punks dans un bar de poudré-e-s qui peut en contenir à peine 150.

Gagnon : Notre spectacle avec La Bonne, La Brute & Le Truand, à Alma en 2007. 100 personnes dans une salle pouvant en contenir 50 maximum ! Le party était pogné solide ! Le Grind Your Mind, en 2017, et notre passage à Québec au bar le Scanner, en 2019, avec nos potes de Bauxite et quelques bands locaux où on avait closé la soirée avec un set « rentre dedans » à souhait ! Il y avait de l’électricité dans l’air ! Elpunkos se souvient très peu du concert par contre… (rires) !

SpikedFred : Je crois qu’il y en a plusieurs. Pour moi, il en a trois. Le spectacle « en cachette » avec le groupe de France La Bonne, La Brute & Le Truand. J’avais réservé une salle sans dire que c’était pour un spectacle, car on était barré de toutes les salles de spectacles anyways à cette époque. De plus, on avait vendu trop de billets pour la salle et putain qu’il avait trop de monde ! Une chance que les gens sortaient fumer ! La police passait toutes les 5 minutes pour surveiller. Heureusement, tout s’est bien passé à 100%. La tournée avec eux, au Québec, n’avait pas attiré beaucoup de spectateurs, malheureusement, et on leur avait promis que le spectacle au Saguenay serait malade. Ça été une belle finale. Sinon, je dirais aussi notre deuxième spectacle avec Subhumans. La salle était bondée et la foule, au lieu de se « déchainer » comme dans les spectacles punks habituels, nous écoutait attentivement sans bouger et applaudissait entre les chansons… J’ai trouvé ça très weird. On avait, aussi, eu beaucoup de plaisir ce soir-là avec les membres de Subhumans. On se remémore encore des souvenirs en riant de cette soirée, même après plus de 10 ans. Je dirais aussi le United Fest de 2005 à Montréal. Pour moi, ça a été un rêve de jouer là avec tous ces groupes légendaires qui étaient présents et que j’écoutais depuis mon adolescence (et non pas pour notre performance musicale qui a été parsemée de problèmes de son).

Jérôme : Grind your Mind 9 en 2017 !

Au fil de vos compositions, votre son a toujours été très lourd, rythmé et les paroles assez crues. Quels sont vos influences (at large) qui vous inspirent musicalement?

Elpunkos: Dans mon cas, je suis très punk/grindcore britannique, crust U.S. et scène locale des 90s donc mes influences principales sont Exploited, Discharge, Napalm Death, Extreme Noise, Terror, Disrupt, Nausea, Aus-Rotten, B.A.R.F, Overbass et Les Bons À Rien

Jérôme : Circle Jerks, Circle One, Bad Brains, Dayglo Abortions, JFA, Les Bons À Rien, Jimi Hendrix, Nirvana et Slayer.

SpikedFred : Je crois que Exploited et Discharge sont pas mal les groupes qui font consensus. Nous sommes tous des grands consommateurs de musiques punk old school et grind dans le groupe. Dans mon cas, personnellement, je suis un énorme fan des Ramones. J’ai aussi comme influences The Damned, Disorder, Rudimentary Peni, Quincy Punx, SNFU, The Lurkers, Rotten UK, Napalm Death et le vieux punk californien, pour certains groupes. Dans le punk français, je suis très Ludwig Von 88 et Parabellum.   

Gagnon : J’ai passé mon adolescence à écouter beaucoup de punk québécois, que ce soit Les Bons À Rien, BARF, Banlieue Rouge ou Overbass donc c’est certain que ça se reflète beaucoup dans mes textes, surtout le côté joual de BARF. Musicalement, les Discharge, The Exploited, D.R.I., et S.O.D. sont une grande influence pour moi.

Avec les nombreuses années passées, voyez-vous une évolution, tant dans vos valeurs que vos réflexions, que vous notez dans vos chansons?

Elpunkos: Certainement ! Dans notre première dizaine d’années, nous avions 20 ans, en général, et les textes étaient : « nous somme punk/fuck nazi/on se dévisse la face ». Aujourd’hui, les textes sont : « fuck gouvernement, la police et l’armée/fuck ce que tu penses de nous/si tu es à droite j’ai probablement envie de te faire mal et quelques histoires gore inventées pour le plaisir ».

SpikedFred: Musicalement, c’est définitivement devenu plus agressif et plus rapide. Pour les paroles, certains textes étaient plus « humoristiques » au début, mais ça a disparu assez vite. Sinon, nos valeurs et réflexions sont pas mal restées les mêmes au fil du temps.

Jérôme : Notre style est devenu plus agressif et brutal. 

Vous avez plusieurs albums à votre actif. Récemment, vous avez sorti une K7 de Carnage Rouge à édition limitée sur le label Sick and Twisted Record. Pourquoi avez-vous refait une publication de cet album en particulier? 

SpikedFred : Au début, on devait faire un album split avec un autre groupe punk sur Sick and Twisted. L’autre groupe avait déjà leurs chansons enregistrées, mais pas nous (difficultés à enregistrer à cause de la pandémie) et on voulait fournir du nouveau matériel. On s’était gardé les pistes de l’album Rouge Carnage pour le split avec eux s’il nous était impossible d’enregistrer notre nouveau matériel mais, on tenait, avant tout, à fournir de nouvelles chansons. Finalement, l’autre groupe a abandonné le projet et le projet est « tombé à l’eau ». Pour la K7, dans le passé, on avait parlé plusieurs fois en groupe de faire l’album Rouge Carnage sur une K7 rouge pour « le fun », un trip de même, sans raisons précises. Cet album marque, pour moi, un tournant dans notre style musical qui est devenu plus agressif. Finalement, j’ai proposé le projet à Sick and Twisted en remplacement du split album et ça a été accepté. De plus, les K7 se sont vendues très rapidement, ce qui est très positif !

Elpunkos : Un album non terminé qui n’a pas eu toute la reconnaissance qu’il aurait dû ! À l’époque, on l’a enregistré et seulement une cinquantaine de copies ont été distribuées à des promoteurs, des radios, des bookers et des compagnies de disques et l’album a été directement sur Bandcamp donc je le vois comme un projet qui vient tout juste de boucler la boucle après 5 ou 6 ans. Ce projet a vu le jour, en grande partie, grâce à Spikedfred, que je remercie en passant.

Jérôme : Au départ, c’était juste une idée lancée comme ça, mais, avec la pandémie et d’autres discussions qu’on a eu ensemble, on a décidé d’aller de l’avant avec ça, puis ça a bien marché. Il devrait y avoir une seconde édition de la cassette bientôt, si je ne m’abuse !

Qu’est-ce qui attend Défaillance pour l’année 2022 ?

Elpunkos : Aucune idée si on va pouvoir, bientôt, faire des concerts ou même pouvoir enregistrer avant un bout ! On l’espère ! En temps normal, on devrait faire un nouvel album. On doit avoir entre 10 et 15 chansons de prêtes.

SpikedFred : Un nouvel album studio complet, des spectacles (J’espère !) et probablement une réédition en vinyle d’un de nos EP qui était seulement sorti sur une compilation CD.

Cheers! Espérant vous voir à Montréal sous peu après ce bordel de pandémie !

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