Sara Marcus a relevé tout un défi en traçant l’histoire du mouvement Riot Grrrl dans ce livre. Girls to the front – The true story of the riot grrrl revolution nous plonge dans l’univers ce mouvement qui a été très popularisé via la musique et le groupe Bikini Kill. Pourtant, c’était bien plus qu’un courant musical. Ce livre nous en témoigne très clairement.
Kathleen Hannah, la chanteuse de Bikini Kill, a toujours nommé qu’elle n’était pas la leader du mouvement Riot Grrrl, bien qu’elle y a joué un rôle très mobilisateur. C’est à Olympia, une ville en périphérie de Seattle, que cette contre-culture prend naissance. Des femmes se mobilisent entre elles autours de la musique alternative, pour revendiquer la fin du sexisme, promouvoir l’empowerment des femmes et dénoncer les violences qui leur sont faites.
L’angle musical est un aspect très présent dans le livre puisque plusieurs groupes, tel que Bratmobile, se sont formé autour du mouvement Riot Grrrrl. On retrouve ainsi de nombreuses anecdotes de concerts et des résumés d’événements marquants. On y mentionne notamment à quel point même Ian Mackaye, chanteur de Minor Threat et Fugazi a initialement été déstabilisé par la force du mouvement!
Bien que la musique soit un vecteur de mobilisation qui a permi au mouvement de sortir d’Olympia pour atteindre Portland et Boston, entre autre, on découvre au fil des pages que le mouvement Riot Grrrl n’était pas qu’une histoire de groupe, mais aussi de collectifs politiques. Ces différents collectifs se sont mobilisés pour aborder différents enjeux auxquels les femmes faisaient (et font toujours) face, comme les comportements misogynes, la violence sexuelle, la diversité corporelle ou encore le racisme. Afin d’aborder ces enjeux, les Riot Grrrls organisaient des cercles de lecture et appelaient à participer à des événements de revendication. Il y a même eu un congrès du mouvement Riot Grrrl.
La création de fanzines est très rapportée dans le bouquin. Je ne peux me rappeler de tous les noms de fanzines qui ont été créés. L’auteure illustre très bien à quel point, à une ère où internet n’existe pas encore, l’envoie de zines et de lettres étaient essentiels pour communiquer entre les personnes impliquées au sein de divers collectifs des villes américaines et même hors du pays. D’ailleurs, plusieurs femmes témoignent à quel point le médium du zine les ont personnellement émancipées et motivées à rejoindre le mouvement Riot Grrrl.
Ce livre est un must à lire. Il est composé de façon à ce que le lecteur soit captivé jusqu’à la fin. D’ailleurs, on n’est pas ici en présence d’un verbeux livres pour intellos pompeux, le déroulement de l’histoire est très clair et nous invite en plein coeur des plus importantes années de ce mouvement. Nombreux connaissent brièvement les Riot Grrrl et l’histoire autour du groupe Bikini Kill, mais Girls to the front – The True Story of the Riot Grrrl sort de l’ombre plusieurs aspects méconnus qui sont peu témoignés dans le milieu musical. Thumb’s up à tous ceux et celles qui ont fouillé dans leurs archives pour collaborer à la création de ce livre!
