Est-ce un crime de vouloir vivre?

Affiche de l’événement du 24 juin 2021 au Parc des Royaux à Montréal.

Depuis l’annonce de notre rassemblement pour le droit à la ville, vous avez été nombreux.euses à réagir et plusieurs nous ont demandé qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ça, le « droit à la ville ». Je me suis donc dit que j’allais essayer de vous expliquer le pourquoi du comment on en est arrivé à organiser un événement sur ce thème en particulier à Montréal, le jour de la bonne vieille St-Jean…

De gentrification à crise du logement

En 2019 nous annoncions la fermeture du local associatif L’industrielle suite à des pressions policières et administratives sur l’établissement et la réception de tickets de bruit, cet outil de répression bien connu par la plupart des musicien.ne.s indépendant.e.s.

En fait, déjà à cette époque, les tickets de bruits étaient une arme de prédilection du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) pour à la fois déloger les jeunes et les marginaux.ales de l’espace public, tout en continuant l’œuvre de gentrification de la ville. En effet, ces nouveaux condos qui ne cessent de se construire dans nos quartiers finissent par héberger toute une gamme de petit.e.s bourgeois.e.s qui croient emménager dans la quiétude des banlieues cossues comme St-Lambert. À travers le temps, l’action combinée des flics et des riches a réussi à faire fermer bon nombre de salles indépendantes comme L’inspecteur Épingle ou le Divan Orange et à interrompre une quantité incalculable de shows alternatifs.

Puis, arrive 2020 avec sa pandémie de COVID-19 qui ne fait qu’exacerber la crise du logement à travers le pays. Des centaines de personnes en situation précaire se retrouvent à la rue, parfois à cause de rénovictions (ces fameuses manœuvres des proprios pour sacrer dehors des locataires de longue date afin de jacker le prix du loyer) ou simplement par incapacité à payer des loyers qu’un chèque d’aide sociale ne couvre même pas. On se souviendra longtemps des goons du SPVM qui expulsent les habitant.e.s du campement Notre-Dame dans Hochelaga par exemple.

La police pour contrôler la pandémie?

Manifestation contre le couvre-feu et contre des mesures policières face à la crise sanitaire dans Hochelaga-Maisonneuve le 22 avril 2021. (Crédit : Cédric Martin)

Comme si ce n’était pas déjà suffisant, notre bon gouvernement caquiste est par la suite arrivé au début de 2021 avec une nouvelle mesure pour faire face à la pandémie : un couvre-feu. Quelle belle façon d’envoyer comme message à la classe ouvrière qu’elle ne sert qu’à travailler, consommer et fermer sa gueule. On va même garder les écoles ouvertes pour que les parents puissent rentrer à’ job, mais qu’on ne vous prenne pas à sortir de votre logement pour prendre une marche après 20h, parce que la police veille au grain! François Legault déteste tellement les pauvres qu’il a fallu une ordonnance de la cours pour que les sans-abris, des gens qui n’ont par définition pas de logement, soient exempté.e.s du couvre-feu…

Puis finalement arrive l’été et le début du déconfinement. Comme il fallait s’y attendre avec la chaleur qui pointe le bout de son nez, les citadin.e.s finissent par se retrouver dans les parcs, probablement l’espace le plus sécuritaire pour socialiser. L’aération y est… naturelle (contrairement à nos écoles à la ventilation vétuste, mais ça c’est un autre dossier).

Il n’en fallait pas plus pour que la surenchère médiatico-politique commence. Suite à des articles populistes sur les jeunes qui envahissent les parcs, le premier à lancer le bal est Régis Labeaume qui annonce l’interdiction de l’alcool dans les parcs de la ville de Québec à partir de 20h. Puis Denis Coderre, en manque d’attention annonce qu’il fera de même s’il est élu aux prochaines élections municipales. Les autorités du Vieux-Port de Montréal (déjà connues pour leur mépris des travailleur.euse.s) annoncent un couvre-feu sur le site au même moment. L’administration de Valérie Plante, ne désirant pas être laissée sur les lignes de côté, décide quant à elle d’envoyer le SPVM patrouiller les parcs en hélicoptère afin d’harceler les gens qui osaient avoir du fun. Douce ironie, cet épisode a mené à de nombreuses plaintes de bruit de riverain.e.s excédé.e.s par le vacarme créé par l’engin.

Pour le droit à la ville!

Face à ce constat, il nous semblait important de réagir et d’organiser une résistance à ce délire répressif des autorités. Montréal, ville qui surfe sur son nightlife, sa tolérance et sa vie culturelle riche pour attirer les touristes, ne cesse d’une autre main d’étouffer les milieux alternatifs et de faire la chasse aux pauvres. C’en est assez!

Les parcs font partie des quelques rares endroits où on peut se détendre sans pression commerciale. Il sont d’autant plus cruciaux en temps de pandémie. Comment se fait-il que la ville n’y investisse pas plus pour y installer des installations sanitaires comme elle l’a fait sur de nombreuses artères commerciales? D’où vient cette obsession de vouloir chasser les gens qui profitent des installations justement prévues à cet effet?

Et puisque nos bon.ne.s politicien.ne.s ont décidé d’ouvrir le débat, pourquoi ne pas enfoncer la porte? D’où viennent ces lois puritaines qui empêchent de consommer de l’alcool ou du cannabis dans l’espace public? Les parcs qui ferment à 23h, what the fuck? Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’espaces publics et communautaires de qualité dans notre ville à la place des condos et des AirBnB? Ne devrait-on pas avoir le droit d’utiliser l’espace public en tout temps, en particulier quand on n’a nulle part d’autre où aller?

Pour nous, c’est ça le droit à la ville. C’est le droit d’occuper l’espace public, le droit d’en jouir, le droit d’y faire du bruit, mais aussi le droit d’avoir un logement décent et surtout, le droit d’exister sans constamment se faire harceler par la police. Pour toutes ces raisons, on vous donne rendez-vous le 24 juin prochain, à partir de 15h au Parc des Royaux. Nous y protesterons à notre façon et gueuleront cette question adressée aux autorités : Est-ce un crime de vouloir vivre?

Éric Sédition

Lien de l’événement Facebook : https://www.facebook.com/events/547374316645469

Seront présent.e.s les groupes Feed, Asbestos et Ad Vitam ainsi que les DJs d’Engine 69, du Heart of Montreal Soul Club, d’Addicted to the Needle et Symbiose Reggae.

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